
Par Marianne Jauvin et Frédérique Hébert
Le chien est un animal social ; sociable aussi, plus souvent qu’autrement, mais surtout social. Être un animal social implique un paquet de normes et de règles à respecter pour la vie en communauté et la bonne entente. Au cours de son développement vers l’âge adulte, le chiot est placé dans une multitude de contextes sociaux avec d’autres individus de l’espèce canine (des grands, des petits, certains puent, d’autres sont grognons, etc.), ce qui lui permet de développer les habiletés sociales nécessaires au plein potentiel de son cerveau et de sa personnalité sociale.
Tout comme les enfants à l’heure de la récré dans la cour d’école, il arrive que les chiens s’accrochent, s’agacent, se défient ou se tiraillent pour un ballon ; ça fait partie intégrante des relations sociales. L’important est de pouvoir retrouver le calme et de passer à autre chose. Notez que les conflits entre adultes de l’espèce humaine ne sont guère plus impressionnants que ceux des enfants, mais l’expérience leur permet, parfois, de régler seuls les mésententes contrairement aux enfants qui ont besoin du support.
On y est. Votre chien, qui possède la maturité affective d’un bébé même pas en âge d’aller à la garderie, nécessite aussi supervision et parfois implication de la part d’un adulte dans ses échanges sociaux. Simplement afin d’assurer support en cas de maladresse ou d’escalade émotionnelle.
Dans le domaine du comportement canin, l’une des questions les plus posées est : dois-je aller au parc à chiens avec mon chien ? Sachant que les contacts sociaux sont bénéfiques pour notre animal et que la dépense d’énergie est aussi essentielle, les parcs à chiens peuvent en effet représenter un endroit de choix. C’est ici que ça se corse.
Durant l’été, les parents d’enfants énergiques peuvent avoir accès aux piscines publiques afin de leur permettre de bouger et de s’amuser avec d’autres enfants. Une fois rendus à la piscine, les adultes relaxent un peu et jasent avec les voisins pendant que les enfants s’élancent dans l’eau. Qu’est-ce qui permet la tranquillité d’esprit des parents ? La surveillance garantie par les sauveteurs. Cette surveillance fait toute la différence et c’est ce qui permet aux parents de lire un bon livre pendant que les enfants s’amusent. Et ce malgré la présence de nombreux adultes présents sur les bords de la piscine. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’il suffit parfois d’une simple intervention (Coup de sifflet ! « On ne court pas sur le bord de la piscine ! ») afin de ramener l’ordre. Fini l’analogie.
Certainement que les chiens communiquent entre eux et parviennent souvent à s’entendre ou du moins à se respecter. Toutefois, nombreux aussi sont les chiens mal ou peu socialisés qui ont du mal à lire et comprendre les comportements de leurs congénères, sans oublier les chiens dits intenses du style « veux-tu être mon ami stp, stp, stp ! », les susceptibles du genre « t’es qui toi ! ! » et les types solitaires « des amis, j’en veux pas ». Une escalade émotionnelle est vite arrivée. Savoir en reconnaître les signes n’est pas évident et il n’est pas donné à tous de pouvoir intervenir adéquatement au moment approprié. La communication entre chiens est d’une part simple, mais à la fois très nuancée, ce qui peut fausser certaines interprétations de la part de leurs humains. Aussi, saviez-vous que selon les recherches, les groupes de plus de 6 chiens sont à risque de « ganging » ? Le « ganging » qui signifie que plusieurs chiens peuvent s’associer et se diriger tous ensemble contre un autre chien, ce qui placera ce dernier dans une position de vulnérabilité certaine.
Certaines méthodes sont utilisées afin de déterminer si le jeu est bien un jeu et si ce jeu est consenti de la part des deux individus. Ces tests de consentement ne se font pas naturellement chez les chiens, du moins pas chez tous les chiens. C’est-à-dire que certains chiens respectent les limites de leurs congénères et d’autres non. Un de ces tests consiste à séparer deux chiens afin d’observer s’ils souhaitent retourner l’un vers l’autre afin de poursuivre le jeu. Ainsi, lorsqu’on suppose que le chien 1 se fait harceler par le chien 2, il est possible de retirer le chien 1 pendant quelques secondes, le temps d’une pause, afin de voir s’il retournera vers l’autre. Les chiens ajustent l’intensité de leur jeu selon les individus avec lesquels ils jouent. Le test de consentement peut être une bonne méthode afin de savoir si la limite de votre chien est atteinte ou s’il consent toujours au jeu.
On entend souvent des histoires d’incidents qui noircissent la réputation des parcs à chiens, ce qui en diminue l’achalandage et contribue aussi au sentiment d’insécurité parmi certains propriétaires d’animaux. Peut-être que le modèle se doit simplement d’être actualisé afin de répondre un peu mieux au besoin de la population en matière de soutien et d’accompagnement. Alors, la réponse à la question « dois-je aller au parc à chiens avec mon chien ? ». Peut-être.
